La thalasso qui fait aussi du bien à ses employés

Série Esprit Critique : 10 façons de voir le travail autrement proposées par 10 collaborateurs.

Quand un centre de thalassothérapie appelle Aurore de Lacheisserie pour penser ergonomie, elle est loin d’imaginer l’ampleur du projet ! Aurore nous parle du mélange pas si improbable de l’architecture et du bien-être au travail.

Aurore De Lacheisserie
Ergonome Consultante

Quiconque s’est déjà offert une semaine de thalassothérapie sait à quel point on y est aux petits soins. Quiétude des lieux, déambulations à pas feutrés, sollicitude : l’expérience est celle de la sérénité et du bien-être. Mais qu’en est-il pour ceux qui procurent les soins ?  Les choses sont un peu plus compliquées : entre les charges à porter, la moiteur des lieux, la maintenance et des pratiques plus physiques qu’il n’y paraît, la fatigue guette vite. Pour Aurore, la rénovation totale d’un centre thalasso a été l’occasion d’intégrer le bien-être des employés dans les plans. Au sens littéral !

Penser l’espace pour les soignants

Penser les lieux pour améliorer le quotidien des équipes, c’est l’une des problématiques pour lesquelles on se tourne vers Aurore et son expertise d’ergonome. Ainsi, quand ce centre l’a contactée pour repenser le bien-être des employés à l’occasion de la rénovation totale des lieux, c’est le responsable des travaux qui avait mis le doigt sur cette nécessité.

De fait, Aurore est convaincue que ce type de collaboration est appelé à se multiplier à l’avenir : à présent que l’on voit le travail autrement et que l’on a compris combien la façon dont se vit la pratique d’un métier est indissociable de ces questions d’ergonomie, les architectes l’intègrent de plus en plus dans leur vision.

Parlez-nous de votre métier

La parole précède le changement. Car ceux qui connaissent le mieux la réalité du métier, ce sont bien ceux qui le pratiquent, les “soignants”. Et leur parole est incontournable pour compléter les observations de terrain. Les échanges, prolifiques, livrent de nombreux détails qui peuvent renseigner une conception de l’espace qui augmente le confort de la pratique. De façon collégiale, on fait ressortir une information précieuse pour la rénovation.

“La conception d’un nouvel espace nécessite aussi une connaissance de l’activité qu’on a dedans ».

Entre commandes éloignées et seaux à porter

L’argile pèse lourd, et un seau plus petit permettra de le transporter plus facilement. Le bouton de réglage de pression des jets est compliqué d’accès pour l’hydrothérapeute s’il est au milieu de la baignoire. L’usage d’eau de mer implique un nettoyage très minutieux des équipements. Les cuisines sont un lieu où l’on passe du temps pour préparer les algues…

En s’intéressant à chaque aspect du métier et des interactions, on identifie des points clefs qui viennent alors nourrir la conception des espaces et le choix des outils de travail.

Penser à tout, au-delà des espaces

Pour Aurore, le processus a ceci de doublement intéressant qu’une réflexion sur les équipements et les espaces ouvre le champs à d’autres domaines : postures, flux, tenues, ordre des soins…  Tout l’enjeu devient alors d’intégrer l’ensemble de ces éléments à la réflexion sur les nouveaux lieux, y compris la dimension organisationnelle du travail. Et bien sûr, cela ne se fait pas sans concertations avec les RH, les achats ou encore la maintenance. Il s’agit de faire entrer en cohérence tous les tenants et les aboutissants du travail.

En écoutant, en croisant les regards, en détricotant et en tenant compte des contraintes de chacun, on trouve des solutions qui conviennent à tous et sont véritablement génératrices de bien-être. Ah, il fallait bien que la thalasso se jette à l’eau !